Les boucles d’oreilles de « La Grande Duchesse Wladimir »

Ces boucles d’oreilles d’émeraude et diamant, de 17 carats pour chaque cabochon d’émeraude et 37 carats pour chaque émeraude en poire, faisait partie, à l’origine, de la célèbre parure d’émeraudes de la grande duchesse Wladimir, que le tsar Alexandre II, son beau-père, lui avait offerte pour son mariage en 1874 et dont l’émeraude centrale du collier faisait à elle seule plus de 100 carats.

Maria Pavlovna offrit, en 1902, ces boucles d’oreilles à sa fille Hélène lors son mariage avec le Prince Nicolas de Grèce et de Danemark, fils du roi Georges Ier de Grèce. En 1917, après l’abdication du roi Constantin Ier de Grèce, frère de Nicolas, le couple est contraint à l’exil avec  leurs trois filles (la plus jeune Marina deviendra Duchesse de Kent). Les boucles d’oreilles sont, plus tard, transmises à l’aînée Olga de Grèce et sont, pour la première fois, mises aux enchères en 1987 par Sotheby’s qui les adjuge pour un record de 2 millions cent mille Francs au prince Johannes von Thurn und Taxis qui les offre à sa femme Gloria, surnommée TNT par les journalistes. A cette époque, celle-ci défraie la chronique parisienne par ses coiffures excentriques et ses exhibitions surchargée de bijoux tous plus magnifiques et exceptionnels les uns que les autres et faisant partie de « la boîte à bijoux » Thurn und Taxis, d’une valeur exorbitante.

Le prince décède en 1990, sa succession est estimée à 2 milliards. Gloria, pour faire face aux droits de succession et aux dettes, doit vendre quelques bijoux. Les boucles d’oreilles se retrouvent une deuxième fois chez Sotheby’s à Genève en novembre 1992 dans une vente record qui totalise pour l’ensemble des bijoux, près de 13 millions de dollars. Les boucles d’oreilles ne font pas grande impression aux yeux des reporters qui n’en parlent pas, occupés par la tiare de l’impératrice Eugénie achetée par le Louvre et autre tabatière impériale. On ne sait donc pas à quel prix elles ont été vendues à un acheteur anonyme. Elles disparaissent jusqu’en décembre 2014 où Sotheby’s, où elle les récupère une troisième fois en les estimant entre six cent et huit cent mille dollars. Elles seront adjugées un million cinquante cinq mille dollars à un autre acheteur anonyme.

Voilà 140 ans de périple très mouvementé et chargé d’histoires parfois tristes pour de magnifiques bijoux.